jeudi 16 septembre 2010

Latence et amnesie libanaises

Images latentes, 1997-2006.

Troisième volet du projet Wonder Beirut

Retirer nos images du flux, c'est ainsi qu'a débuté ce projet. Ayant accumulé depuis plusieurs années des bobines de film non développées, nous avons ont pris le parti de les conserver dans des tiroirs, de les dater, et de les répertorier dans un carnet rédigé par le personnage fictionnel Abdallah Farah. Celui-ci nous accompagne dans plusieurs de nos travaux liés au projet Wonder Beirut. Ces images latentes forment une sorte de journal relatant vie familiale et sentimentale, recherche photo-graphique ainsi que l'histoire mouvementée du Liban contemporain.

Tirages photographiques sous diasec et impression Lambda sur aluminium (version anglaise)
Avec l’aimable concours de la CRG Gallery, New York

EXPLOREZ
* les notions de mémoire, de récit et de fiction et les façons dont celles-ci coexistent et interagissent dans cette œuvre.

QUESTION
* Que signifie le mot « latent », et comment le concept de « latence » est-il exploré au travers d’images inaccessibles et non récupérées sur un film non développé, et de récits qui prennent potentiellement forme autour d’elles ?"


Source: Pistes de réflexion / Galerie Leonard & Bina Ellen





Des représentations de l’histoire et de la mémoire dans l’art contemporain au Liban / Monique Bellan

"Dans le travail artistique de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, la notion de « latence » joue un rôle essentiel. Selon les deux artistes, la latence est quelque chose que l’on peut ressentir à Beyrouth dans l’amnésie qui règne depuis la fin de la guerre. Dans leur série de cartes postales « Wonder Beirut19 », on trouve des vues typiques du Beyrouth des années 1960 et 1970 – qu’on peut toujours trouver dans les magasins –, mais ici, ces images sont endommagées, brûlées, déformées, et ne sont que vaguement reconnaissables. Le photographe ‘Abdallah Farah, personnage fictif, les aurait détruites pendant la guerre en proportion de l’intensité des bombardements et de la destruction provoquée par les conflits armés20, adaptant l’image à la réalité. La latence de la mémoire coïncide avec une relation ambiguë aux images telles qu’elles ont été présentées depuis la fin de la guerre. Celles-ci oscillent entre deux temps : le passé mystifié et nostalgique de Beyrouth et le futur de la modernité affichée sur les pancartes. Le Liban flotte entre l’image de ce qu’il n’est plus et l’image de ce qu’il n’est pas (encore). Les artistes auraient également découvert des bobines de films non développées dans les archives du susdit photographe ‘Abdallah Farah. Ces bobines sont très bien ordonnées et étiquetées, indiquant date, heure, objet et situation lors de la prise. Selon Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, ce sont des images latentes qui attendent d’être développées. Quelles conditions doivent être remplies avant qu’elles puissent l’être ?"

"Hadjithomas J. et Joreige Kh., 2003 : « Latency », dans Homeworks April 2-7, 2002, Beyrouth."

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