Travailler en argentique me fournit la possibilité de travailler avec l’image latente. Le caractère potentiel de l’image latente cadre parfaitement avec la démarche conceptuelle liée à la série Typewriter. L’image latente est l’image qui est formée sur le film dès le déclenchement de l’obturateur. L’image latente est présente sur le négatif, mais demeure invisible jusqu’à ce que la pellicule soit développée.
J’ai décidé de me servir de l’image latente comme support artistique afin d’essayer de me défaire complètement de l’idée de contexte pictural. Le film fut exposé traditionnellement, au travers d’un appareil photo conventionnel, puis réexposé à la lumière crue, ce qui a eut pour effet de voiler la pellicule. Sur ces images parfaitement noires, j’ai tapé à la machine ce que les images représentaient au niveau latent, pré-chimie. Les images produites correspondent à la réalité, puisque c’est bien moi qui aient pris les photos et que j’en décris le contenu. La photo « Andreas Sitting », par exemple, représente exactement ce que j’espérais réaliser avec cette méthode. L’image a disparu, l’analogon effacé, ne laissant que le message. Ces cliché paradoxaux, cette
photographie sans images, est peut être l’apogée conceptuel de mon travail photographique. Elle me permet d’explorer les notions de valeur sémantique du rendu dans l’image et de dissocier le signifiant du signifié, puisque le signifié à disparu. (...)"
Source: «L’Invisible dans l’image : étude de la série Typewriter» / Christophe Dillinger / pdf (aussi sur le site de Christophe Dillinger ici)
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