"L'attente est pareille à des ailes.
Plus les ailes sont fortes, plus le vol est long."
Djalal al-dîn Rûmi
Source: blog
"(...) Je jetai un regard anxieux autour de moi : du présent, rien d’autre que du présent (...). La vraie nature du présent se dévoilait: il était ce qui existe, et tout ce qui n’était pas présent n’existait pas. Le passé n’existait pas. Pas du tout (...)"
Jean-Paul Sartre / La Nausée, dans Sartre, Oeuvres romanesques / Gallimard, Paris 1981 (1938) / p114
"(...) Avant d'utiliser la pellicule sensible de son appareil pour recevoir l'image du monde, c'est le photographe lui-même qui est cette surface impressionnée ! (...)"
Serge Tisseron / Le mystère de la chambre claire, photographie et inconscient / Champs arts / Paris / 1996 / p120
"(...) Nadar évoque avec poésie (...) l'homme devient capable de matérialiser le 'spectre impalpable qui s'évanouit aussitôt aperçu sans laisser une ombre au cristal du miroir, un frisson à l'eau du bassin' (...)"
Nadar cité par Serge Tisseron / Le mystère de la chambre claire, photographie et inconscient / Champs arts / Paris / 1996 / p90
"(...) La photographie est, elle aussi, une façon de faire disparaître, puis de faire réapparaître un objet. L'obscurcissement de l'objectif de visée au moment de la prise de vue, dans certains appareils, symbolise cette perte de l'image suivie de ses retrouvailles. Mais c'est le moment du développement de l'image (...) qui évoque le plus précisément la seconde étape (...) l'image perdue dans le souvenir est retrouvée comme miraculeusement préservée sur le papier. (...)"
Serge Tisseron / Le mystère de la chambre claire, photographie et inconscient / Champs arts / Paris / 1996 / p84
"(...) La confrontation avec l'image n'est pas immédiate, comme dans le dessin, mais différée. L'angoisse néanmoins est identique, celle de ne fixer qu'une ombre. (...)"
Serge Tisseron / Le mystère de la chambre claire, photographie et inconscient / Champs arts / Paris / 1996 / p57
"(...) De nombreux films impressionnés ne sont pas donnés à développer et, parmi ceux qui le sont, un nombre appréciable d'entre eux n'est pas retiré. La photographie comme pratique de masse produit un nombre de plus grand d'images que plus personne n'aura le temps de regarder ! Tous ces 'déclics' sont-ils pour autant inutiles ? Bien au contraire ! Ils permettent, comme nous allons le voir, de soutenir le travail de la pensée. (...)"
Serge Tisseron / Le mystère de la chambre claire, photographie et inconscient / Champs arts / Paris / 1996 / pp 10 et 13
"(...) Celui qui détruit une image montre qu'elle témoigne pour lui d'une situation impossible à symboliser. (...) Telle est probablement la raison pour laquelle certaines photographies données à développer ne sont finalement jamais réclamées.(...) il est possible aussi que le geste de la prise de vue, avec l'ensemble des échanges qu'il médiatise avec l'environnement et avec soi-même, ait assuré une symbolisation suffisante des expériences vécues sur un mode sensori-affectivo-moteur. (...)"
Idem / pp29-30
"(...) D'où, d'ailleurs, peut-être, ces photos que nous renonçons à faire développer... par crainte de ne pas y retrouver la vie que nous avons rêvé capturer dans le moment de leur prise. (...)"
Idem / p56
"(...) il est possible d'aimer 'appuyer' sur le bouton sans se préoccuper de faire développer ses images. Seul importe alors le moment de la prise de vue, c'est à dire les opérations psychiques spécifiques qui lui correspondent. (...)"
Idem / p171
"(...) Les photographies de Ben, quant à elles, comme enfermées dans une chambre noire, sont plus confidentielles. Que se passe-t-il dans une chambre noire ? Des images apparaissent. D’autres sont latentes, enfermées dans une pellicule. Les pellicules qui ne seront jamais développées gardent leurs secrets. Tout en ne montrant rien, elles deviennent objet d’exposition, parce qu’un artiste s’en est emparé et l’a décidé ainsi. Ben remercie souvent Duchamp de lui avoir donné la clé et d’avoir ouvert une porte par laquelle l’art contemporain est passé. Le Musée de la Photographie André Villers a regardé par le trou de la serrure et remercie Ben d’avoir eu les bons déclics. (...)"
Source: LES LIMITES DE LA PHOTO / Ben et André Villers
"(...) L'EGO
Le photographe, comme le peintre, souffre d'ego.
Dès qu'il appuie sur le déclic son ego clignote : à moi à moi j'ai fait une bonne photo, à moi à moi à moi.
(...) QUELLES SONT LES PHOTOS QUE TU AS PREPAREES SPECIALEMENT POUR CETTRE EXPO ?
(...) Et puis il y a cette série où je ne fais pas la photo mais ou je décris la photo que j'aurais voulu faire et c'est au spectateur de l'imaginer.
(...) ET QU'EST-CE QUE TU AIMERAIS ?
(...) J'aimerais une photo de moi en train d'essayer de me rappeler d'une photo dont je ne me souviens pas (...)
Source: Les limites de la photo
"Prédictions 2010 de Lamont Hamilton
Lamont Hamilton est clairvoyant, et vit dans le nord de l'Alabama.
(...) Je ressens également la découverte de films non développés, concernant l'attentat qu coûta la vie au président Kennedy. Sur ces documents, apparaîtront des personnes impliquées dans cette tragédie. (...)"
Source: Besoin de savoir
Anonyme / Film n°07 non développé
"(...) Vers la liberté
Souhaitant me libérer des appareils photographiques qui imposent des manières normatives de faire des images je ré-invente une machine photographique ouverte, primitive, abstraite, non saturée par les automatismes.
"En fait, l’automatisme est un assez bas degré de perfection […] Le véritable perfectionnement des machines, celui dont on peut dire qu’il élève le degré de technicité, correspond non pas à un accroissement de l’automatisme, mais au contraire, au fait que le fonctionnement d’une machine recèle une certaine marge d’indétermination. C’est celle-ci qui permet à la machine d’être sensible à une information extérieure."
En simplifiant au maximum la machine, je décide de réduire le sujet à la lumière qui lui est fondamentale. (...)"
"(...) À l'aide d'une lentille biconvexe, je concentre les rayons du soleil sur un rouleau de film 120 vierge et encore fermé.
La lumière brûle et perce successivement les différentes couches de papier, d'air et de polyester couché d'émulsion photosensible.
Je développe ensuite le film. (...)
Source: VM (le site original est fermé - juin 2012)
"Resensitising film?
Hey, I have a theoretical question in regards to my research towards my final project in film school.
After I have shot some black and white film, and say developed it (but not fixed, and still in dark tank), is there a way to chemically remove the latent image, or to 'reset' the silver to it's original state, so that in theory I can dry the film in the dark and then use it to shoot something?
How about after toning? Or bleaching (but no fixing - ie: converting to silver bromide but no removal of silver from the film)? (...)"
Source: APUG
"How long to leave incorrectly flashed paper
I'm an idiot.
Last night while dealing with other frustrating issues in the darkroom I preflashed 10 sheets of Ilford WarmTone FB 8x10 at grade 1, or did I? Ahhh!
I left the filter out giving the paper about twice the exposure of a preflash. Given the relatively low level of the exposure, even with the filter out, do you think it would be safe to wait a week, let the latent image dissapear, and then do the preflash again and use the paper? (...)"
Source: APUG
"(...) Sometimes it's worth it... (...)
Half a dozen shots later the moment was gone and everything was dull grey and dim again, but you better believe I got those half-dozen shots!
We'll see how they come out, but just the anticipation of knowing that the latent images are there is enough to compensate me for all the wet feet and uncomfortable changes of shoes from the rest of the day. (...)"
Source: APUG
"(...) The "latent image" seems to be good term for a photograph chemically locked into a piece of film before processing. (...)"
Source: APUG
"(...) Purposely damaging color film
I want to experiment with creative uses of purposely damaging color film, mainly for distortion/color effects. (...) The key is, it has to enhance/distort the (latent) images up to the point of utter abstraction, but without entirely destroying the images or the film.. (...)
Why do it? Because the result is a one-of-a-kind image. And because that image so boldly contrasts with the photoshopped perfection that seems to surround us now. In an age when one can no longer trust the truth of the images we see, an image that is raw and imperfect can be a breath of fresh air.
As long as the damaged image presents something deeper than merely the damage done, I think this is an idea worth exploring. (...)"
Source: mattbellphoto / APUG
"(...) Le Canadien John Max, qui a vécu au Japon et y a abondamment photographié, n’a jamais développé ses films… (...)"
Source: email
"(...) Although John Max is an important (and somehow mysterious) figure in the history of Canadian photography, one does not encounter his work very often. Principally known for his Open Passport, his work has not been shown a lot since and he has been accumulating not only thousands of rolls of film (of which who knows how many are still undeveloped) (...)"
Source: Louis Perreault, John Max at Montreal’s FIFA
"(...) He left Montreal for Japan in 1974, a photographer with a growing reputation for his intimate, generous, often gentle portraits of an era. (...) the Canada Council gave Max a $25,000 grant. It was enough for him to spend nearly five years in Japan, where he lived, Monk says, "in a renovated chicken coop on a farm. He had no lab, no anything. The big worry was that he'd got all these photographs in garbage bags, and they'd be thrown out by mistake." (...) When Max came back to Montreal in 1979, he was convinced that he had taken some of the best pictures of his life. (...)"
Source: Montreal Gazette
"(...) André Villers a exposé, lors de sa rétrospective au Musée de la Photographie [de Charleroi] en 1990, des bobines de films non développées (...)"
Source: email
"(...) Je ne puis monter la Photo (...). Elle n'existe que pour moi. Pour vous, elle ne serait rien d'autre qu'une photo indifférente, l'une des mille manifestations du 'quelconque'(...)"
Roland Barthes / La chambre claire, Note sur la photographie / Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil / 1980 / p115
"(...) Je venais de comprendre que tout immédiat, tout incisif qu'il fut, le punctum pouvait s'accomoder d'une certaine latence (mais jamais d'aucun examen). (...)"
Roland Barthes / La chambre claire, Note sur la photographie / Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil / 1980 / p88
"(...) Il arrive que je puisse mieux connaître une photo dont je me souviens qu'une photo que je vois, comme si la vision directe orientait à faux le langage, l'engageant dans un effort de description qui, toujours, manquera le point de l'effet, le punctum. (...)"
Roland Barthes / La chambre claire, Note sur la photographie / Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil / 1980 / p87
"(...) car le 'choc' photographique (bien différent du punctum) consiste moins à traumatiser qu'à révéler ce qui était si bien caché, que l'acteur lui-même en était ignorant ou inconscient. Partout, toute une gamme de 'surprises' (...)"
Roland Barthes / La chambre claire, Note sur la photographie / Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil / 1980 / p57
"(...) Quoi qu'elle donne à voir et quelle que soit sa manière, une photo est toujours invisible: ce n'est pas elle qu'on voit.(...)"
Roland Barthes / La chambre claire, Note sur la photographie / Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil / 1980 / p18
"Est-il possible de percevoir dans une image ce qui n'a pas d'image ?"
Fedor Dostoïevski / L'idiot / cité par Jérome Thélot / Critique de la raison photographique / Encre marine / Edition les Belles Lettres / 2009 / p53
"Comment peut-il se faire qu'invariablement, inexorablement, je n'obtienne qu'une série de plaques voilées, d'un noir de suie, sans un indice, un soupçon d'image ? D'où vient-il que, comme sous un sort jeté, je ne puisse sortir de ces glaces opaques, fuligineuses, de cette nuit qui me poursuit ?"
Nadar / Quand j'étais photographe / 1900 pour l'édition originale / Babel / Actes Sud 1998 / p32
"(...) Quelle était la différence, se demandait-il, entre l'existence éveillée et l'existence rêvée ? Laquelle était la plus réelle, laquelle la plus vraie, s'il faut choisir ? (...) [Il] ne pu faire de distinction claire entre les deux. Il se dit qu'elles étaient toutes deux (...) constituées de deux tiers de lucidité et d'un tiers d'imagination (...)"
Barry Gifford / Une éducation américaine / 13E Note Editions / Paris / 2010 / pp334-335
"Ce serait considérablement réduire la photographie que de l'amputer de sa dimension d'absence, de perte, de ratage et de ne vouloir continuer à y voir, inlassablement, qu'un rendez-vous réussi avec le réel."
Alain Bergala
"D’abord, il y a ce temps de réaction qui nous impose une réalité passée. L’oeil perçoit avant que le cerveau ne conçoive. Le stimulus met un certain temps avant que d’être intelligible. S’agit-il d’une inertie temporelle trahissant de susceptibles activités mentales ou d’une immobilité attentiste?
Nos sociétés semblent mettre un temps infini à adapter leur comportement face aux évolutions de leur environnement. Quand le temps de réaction n’en est plus à des centièmes de seconde mais dépasse plusieurs années, pouvons-nous être certains qu’il ne s’agit plus d’une latence due au traitement de l’information (percevoir ne serait donc pas comprendre!)? Ou bien sommes-nous face à des indicateurs dissimulés amenés à apparaître ultérieurement? La captation du signal ne permet pas forcément la perception de celui-ci. La photographie en reste un exemple criant. L’image exposée sur les sels d’argent de nos agonisantes pellicules ne se révèle qu’après un procédé complexe. Sans cette intervention, cette information reste dormante.
D’ailleurs ne sommes-nous pas à l’ère généralisée de la ‘‘Latence’’? Avant, parmi nos artefacts, seule l’image dominait dans ce champ. Maintenant, plus rien n’y échappe. Texte, son, vidéo, dessin, courrier, même le mode d’emploi du robot ménager dernier cri, sont transposés dans une forme numérique nécessitant de passer par un procédé technologique pour être décryptée. Nous dépendons de processus de plus en plus complexes pour voir ce qui ‘‘est’’ ou ce qui pourrait ‘‘être’’.
‘‘Que la lumière soit et la lumière sera peut-être!’’
Ceci nous amène à la question que ne s’est probablement pas posée le Docteur T. Harvey quand il a découpé le cerveau d’Albert Einstein en 240 petits morceaux impropres à la consommation : ‘‘Et l’art dans tout ça…’’
Serait-il l’un de ces indicateurs traduisant l’avènement de modifications futures ou bien l’artiste n’en serait qu’à transposer uniquement dans son art ce que tout le monde sait déjà. Est-il victime de cette ‘‘temporalité’’ comme le commun des mortels ou détient-il les clefs, les indices nous permettant de sortir de la torpeur de notre inertie, de l’empêtrement de cette ‘‘Latence’’ sans doute, propre à notre état d’Être Humain."
Source: Max Heinrich Trender / Le thème 2010 "latence" / FORUM DE L’IMAGE
"(...) Il y a dans le procédé de tirage à la gomme bichromatée un rapport physique avec l'image et la matière: je suis comme un enfant jouant avec l'eau dans la boue. L'image latente est contenue sous une couche de terre (pigment) qui va se révéler après un dépouillement dans l'eau de peut-être plusieurs heures.
Cette technique inclut une distanciation pour transformer le réel en image, le procédé même permet de se débarrasser de l'excédent de matière par intervention manuelle, d'épaissir certaines parties, de faire disparaître les détails anecdotiques, l'image prend du poids au sens propre et au sens figuré, la terre se superpose dans les ombres et donne une impression de troisième dimension... (...)"
Source: jean-françois CHOLLEY / GOMME BICHROMATEE stage 24/25/26 juillet
"(...) Les opérations alchimiques fondamentales, sublimation, filtrage et cuisson (...), peuvent se comparer au point de s’y identifier aux trois principales étapes de l’apparition d’une image photographique: latence, révélation, fixation. Ainsi peut-on y voir les trois étapes du Grand-Oeuvre: noir, blanc et rouge.
L’image latente se forme dans la chambre noire, ni plus ni moins que «l’instrument fondamental de la manipulation, c’est le four hermétique, l’athanor» (...). « La véritable clef de l’oeuvre est cette noirceur au commencement des opérations» (...). Travail sur la matière qui se putréfie dans le vase alchimique, travail par la lumière qui transmute les halogénures d’argent insolés en argent métallique noir (...): d’une image latente on passe à l’apparition d’une image. On distille ainsi, en les distinguant, les sels d’argents touchés par la lumière des autres non insolés. (...)"
Source: La photographie, fille de l’alchimie / Jean Lauzon
"(...) Freud a révélé l’inconscient seulement quelques décennies après l’apparition de la photographie et le fait que des images latentes pouvaient rester très efficientes au fond de notre psyché qu’il nommait le « çà ».
La photographie se présente alors comme une sorte d’apparition qui se nourrit du paradoxe apparent de sa nature illusionnelle tout en cultivant la certitude irrationnelle qu’elle est la seule à retenir et à révéler un invisible et à le conserver. Elle serait dans ce sens «la relique du réel» ou le «certificat de réalité». (...)"
Source: Gilles Verneret / Peinture et photographie